Pornographie et satisfaction sexuelle: entre risques et bienfaits

Dans une étude longitudinale menée auprès d’adolescentes et d’adolescents du Québec, Beáta Bőthe a constaté que de 60 à 65 % des jeunes consomment au moins une forme de pornographie avant l’âge de 14 ans.

Dans une étude longitudinale menée auprès d’adolescentes et d’adolescents du Québec, Beáta Bőthe a constaté que de 60 à 65 % des jeunes consomment au moins une forme de pornographie avant l’âge de 14 ans.

Crédit : Getty

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Une nouvelle étude révèle que la consommation de certains contenus pornographiques amoindrirait la satisfaction sexuelle, alors que d’autres pourraient l’accroître.

Le type de contenu pornographique consommé par les jeunes adultes aurait des répercussions tantôt positives, tantôt négatives sur leur satisfaction sexuelle.

Dans une nouvelle étude, Beáta Bőthe, professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal, et ses collègues se sont intéressés aux effets sur la sexualité de cinq contenus pornographiques: la sexualité en groupe, la passion et la romance, le mélange des genres, la transgression des tabous et la sexualité interdite, ainsi que le pouvoir, le contrôle et la sexualité brutale.

L’équipe a observé que, chez les jeunes adultes âgés de 17 à 30 ans, la consommation de pornographie de type passionnel et romantique serait associée à une plus grande satisfaction sexuelle, tandis que l’utilisation de pornographie où le pouvoir, le contrôle et la sexualité brutale sont mis en scène serait liée à une plus faible satisfaction sexuelle.

Pour Beáta Bőthe, comme les scénarios sont plus «réalistes», les jeunes qui les consomment peuvent y voir une source d’inspiration pour leur propre vie sexuelle. Dans le premier cas, ces scénarios présentent des cadres agréables, des échanges bienveillants et une bonne communication entre les partenaires, «évoquant aussi des émotions plus positives en général».

En contrepartie, les scripts brutaux sont moins moralement acceptables et réalisables dans la vie réelle, dit la professeure. «Le fait de ne pas avoir la possibilité de mettre en œuvre ces scénarios dans la vie pourrait entraver le désir sexuel des individus, car leurs activités sexuelles ne correspondraient pas à l’idée qu’ils se font de ce qui est sexuellement plaisant et excitant. Les gens qui les consomment peuvent aussi ressentir une incohérence entre cette consommation et leurs valeurs», indique-t-elle.

Une «culture pornographique» à développer

Beata Bothe

Beáta Bőthe

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Dans une autre étude longitudinale menée auprès d’adolescentes et d’adolescents du Québec, Beáta Bőthe a constaté que de 60 à 65 % des jeunes consomment au moins une forme de pornographie avant l’âge de 14 ans.

À ses yeux, ces nouvelles données concernant les contenus pornographiques et leur incidence sur la sexualité soutiennent l’importance d’éduquer les jeunes quant à l’utilisation de la pornographie, ses dommages et avantages potentiels.

Sachant que certains contenus sont potentiellement dommageables, la chercheuse ajoute qu’une sensibilisation devrait aussi être faite du côté des producteurs de contenus. «Comme société, on devrait réfléchir à la création de contenus pornographiques et penser à réduire la production de ceux qui ne sont pas éthiques et qui portent atteinte à la santé sexuelle des consommateurs», estime-t-elle.

La professeure soutient également que les futures recherches dans ce domaine devraient inclure différents types de contenus pornographiques afin de saisir la complexité des associations entre la consommation de pornographie et la sexualité.

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