Thérèse Gouin-Décarie, grande pionnière de la psychologie de l’enfant, s’est éteinte

Thérèse Gouin-Décarie

Thérèse Gouin-Décarie

Crédit : Courtoisie

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À 100 ans, Thérèse Gouin-Décarie, enseignante et chercheuse pionnière, tire sa révérence en laissant un précieux héritage dans le monde de la psychologie du développement de l’enfant.

Thérèse Gouin-Décarie

Thérèse Gouin-Décarie

Crédit : Archives UdeM, Fonds Thérèse Gouin Décarie, P0330

Thérèse Gouin-Décarie, professeure émérite du Département de psychologie de l’Université de Montréal et pionnière dans le domaine de la psychologie de l’enfant, est décédée à l'âge vénérable de 100 ans. Son parcours exceptionnel s'étend sur quatre décennies consacrées à l'enseignement et à la recherche en psychologie, où elle a défendu une approche holistique du développement cognitif, affectif et social de l'enfant. Elle avait pris sa retraite de l’Université en 1991.

Figure novatrice pour l’avancement des sciences sociales et pour l’émancipation des femmes dans un champ d’activité largement dominé par les hommes, Thérèse Gouin-Décarie a été un modèle d’engagement scientifique et universitaire. Elle a concilié de façon exemplaire une fructueuse carrière en recherche et en enseignement avec les responsabilités qu’impose une famille de quatre enfants.

Son influence transcende les frontières universitaires. Une influence que résume Mireille Mathieu, professeure émérite du Département de psychologie de l’UdeM, qui l’a bien connue: «Nous nous souviendrons d’une femme de cœur qui a marqué de nombreuses générations de chercheurs et de cliniciens, comme un modèle de rigueur scientifique, d’engagement et d’humanisme pour le plus grand bien de la société québécoise.» Thérèse Gouin-Décarie a formé des générations de cliniciens et de pédopsychologues qui ont prodigué des soins aux enfants dans les centres hospitaliers du Québec.

Née en 1923, Thérèse Gouin-Décarie était l'héritière d'une lignée digne de mention, étant l'arrière-petite-fille et petite-fille des anciens premiers ministres du Québec Honoré Mercier et Lomer Gouin. Son mariage avec Vianney Décarie, professeur émérite du Département de philosophie de l'Université, aura duré plus de 75 ans.

Formée à l'Institut de psychologie de l'Université de Montréal dans les années 1940, Thérèse Gouin-Décarie a découvert durant un séjour en France les théories de Jean Piaget. Son doctorat en psychologie, obtenu en 1960, marquera le début d'une carrière prolifique. Sa thèse, intitulée «Intelligence et affectivité chez le jeune enfant» et publiée en 1962, est devenue un ouvrage de référence traduit en plusieurs langues. Cette œuvre majeure établit pour la première fois des liens entre la théorie du développement cognitif de Piaget et celle de Freud sur le développement affectif du jeune enfant.

Première femme à avoir été nommée au Conseil national de recherches Canada, elle a aussi été la première femme à recevoir le prix Acfas Marcel-Vincent, récompense québécoise dans le domaine scientifique. Ce prix est d’ailleurs rebaptisé, depuis 2013, prix Acfas Thérèse-Gouin-Décarie.

Parmi les nombreuses distinctions honorifiques reconnaissant ses contributions, on note le prix Léon-Gérin, trois doctorats honoris causa des universités d’Ottawa, Concordia et de Moncton et la médaille Innis-Guérin, remise par la Société royale du Canada. Elle était aussi officière de l'Ordre du Canada et de l'Ordre national du Québec. Comme universitaire, elle a siégé à de nombreuses instances administratives, dont le Conseil des Universités du Québec et le Conseil de l'Université de Montréal.

En 2021, la bibliothèque EPC (éducation, psychologie, communication) au pavillon Marie-Victorin de l'UdeM a été renommée, en sa présence, bibliothèque Thérèse-Gouin-Décarie en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la psychologie. Et un fonds a été créé en son nom, en 2022, à la Division des archives et de la gestion de l’information de l’Université de Montréal.

Un dernier hommage sera rendu à Thérèse Gouin-Décarie au complexe funéraire Les espaces Memoria le vendredi 19 avril, de 14 h à 19 h 30. Les obsèques seront célébrées en l'église Saint-Viateur d'Outremont le samedi 20 avril à 11 h. Pour plus d’information, consultez l’avis de décès.

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