Asthme infantile et végétation: une influence rythmée par les saisons

Cette étude montre que les arbres, lors de la saison pollinique, augmenteraient le risque que l'asthme se développe, possiblement en raison de l’exposition prolongée aux pollens.

Cette étude montre que les arbres, lors de la saison pollinique, augmenteraient le risque que l'asthme se développe, possiblement en raison de l’exposition prolongée aux pollens.

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Une étude révèle qu’en milieu urbain les arbres ont des effets tantôt protecteurs, tantôt nocifs sur l’apparition de l’asthme chez les enfants.

Louise Duquesne

Louise Duquesne

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En ville, les arbres auraient un rôle à jouer dans l’apparition de l’asthme chez les enfants. La présence de ces végétaux serait associée à une réduction des risques de souffrir de l’affection respiratoire lorsque les feuilles sont présentes, mais à une augmentation des risques pendant la saison des pollens.

Tels sont les résultats d’une étude menée par l’étudiante de maîtrise Louise Duquesne, dirigée par Audrey Smargiassi, professeure au Département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal.

«Nous savons que le pollen des arbres peut exacerber les symptômes d’une personne déjà atteinte par l’asthme. La nuance, dans cette étude, c’est que nous montrons que les arbres, lors de la saison pollinique, augmenteraient aussi le risque que la maladie se développe, possiblement en raison de l’exposition prolongée aux pollens», indique la professeure.

Un phénomène à préciser

Pour l’instant, les scientifiques ne savent pas exactement pourquoi la végétation peut abaisser le risque d’asthme pendant la saison des feuilles. Selon Audrey Smargiassi, l’hypothèse la plus répandue serait que les arbres dans les villes réduisent la pollution de l’air.

«Leur feuillage crée une barrière physique contre les polluants et peut donc diminuer leur action. Les polluants comme les particules peuvent aussi se déposer sur les feuilles et les gaz être absorbés par ces dernières. Néanmoins, ces phénomènes sont surtout basés sur des études expérimentales et les preuves de la réduction de la pollution par les arbres et la végétation sont très peu concluantes actuellement. Autrement, on postule aussi qu’habiter un quartier vert peut atténuer les effets du stress», souligne-t-elle.

La chercheuse ajoute que des travaux futurs seront nécessaires pour désigner les caractéristiques plus spécifiques de la végétation qui influencent la santé humaine et pour parvenir à maximiser les avantages et à minimiser les inconvénients de l’infrastructure verte.

«Gardons toutefois en tête que cette étude aborde exclusivement l’asthme infantile et qu’on ne devrait pas faire abstraction des nombreux autres bienfaits de la végétation en milieu urbain dans une optique de villes saines et résilientes», estime la professeure.

Une méthode plus précise

Pour parvenir à ces résultats, l’équipe de recherche a suivi jusqu’à l’âge de 12 ans une cohorte de plus de 350 000 enfants nés à Montréal entre 2000 et 2015. Afin de distinguer les arbres feuillus des conifères, la télédétection par laser a été utilisée. L’exposition à la végétation a aussi été estimée à l’aide d’une mesure satellitaire appelée indice de végétation par différence normalisée.

«Il était déjà démontré que les pollens des arbres pouvaient agir sur l’asthme. Or, peu d’études ont cherché à savoir si l’asthme était plus marqué là où la canopée était plus importante. De plus, ces études se basaient sur des données rudimentaires et ne prenaient pas en considération la saison, ce que nous avons priorisé dans notre étude», spécifie Audrey Smargiassi.