Des constructions durables en terre crue et en fibres végétales

Cette exposition itinérante composée de 57 panneaux a été coproduite par le Pavillon de l’Arsenal – le Centre d’urbanisme et d’architecture de Paris –, amàco et Les Grands Ateliers.

Cette exposition itinérante composée de 57 panneaux a été coproduite par le Pavillon de l’Arsenal – le Centre d’urbanisme et d’architecture de Paris –, amàco et Les Grands Ateliers.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

De surprenantes constructions sont à découvrir dans «TerraFibra architectures». L’exposition, présentée pour la première fois en Amérique du Nord, se tient à la Galerie de l’UdeM jusqu’au 15 juin.

Georges Adamczyk

Georges Adamczyk

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Dans un contexte où, face aux dérèglements climatiques, il devient urgent de construire et de rénover durablement, l’exposition TerraFibra architectures met en lumière le travail remarquable des 40 finalistes du TerraFibra Award, le premier prix mondial qui récompense les constructions réalisées avec des matériaux constitués de terre crue et de fibres végétales. À travers une exploration thématique de matériaux écologiques, l’exposition détaille leurs caractéristiques et avantages ainsi que des techniques traditionnelles et novatrices utilisées pour les travailler. 

Des constructions en pisé, terre coulée, bauge, adobe, torchis ou bloc de terre comprimée aux murs isolés en bottes de paille en passant par les charpentes en bambou et les couvertures en roseau, chaque projet présenté illustre la richesse de ces approches constructives.  

Cette exposition itinérante composée de 57 panneaux a été coproduite par le Pavillon de l’Arsenal – le Centre d’urbanisme et d’architecture de Paris –, amàco et Les Grands Ateliers. Pour la première fois, elle se tient en Amérique du Nord, à la Galerie de l’Université de Montréal en réponse à l’invitation de Georges Adamczyk et Bechara Helal, professeurs d’architecture de l’UdeM et membres du Laboratoire d’étude de l’architecture potentielle. Ces commissaires délégués y ont ajouté un abri en bambou et une table où sont posés différents matériaux que les visiteurs sont invités à toucher. 

Redécouvrir des matériaux durables utilisés depuis des millénaires

Maison Acaiacá

Maison Acaiacá

Crédit : Manuel Sá

Alors que, selon l’Organisation des Nations unies, le secteur du bâtiment et de la construction est responsable d’environ 37 % de la production mondiale de gaz à effet de serre, l’exposition montre qu’il est possible de construire autrement à l’aide de matières renouvelables, proposant de multiples matériaux de construction durables qui existent pour certains depuis des millénaires. On redécouvre des techniques fort anciennes qui peuvent être utilisées aujourd’hui. 

Tel est le cas du torchis, c’est-à-dire de la terre argileuse mélangée avec de la paille, dont l’usage est attesté au Proche-Orient vers la fin du 10e millénaire avant notre ère. Il est possible de s’en servir élégamment dans des constructions contemporaines, comme au Brésil pour les murs de la maison Acaiacá, bâtie en 2018, ou en Égypte pour le centre culturel Matariyah, construit en 2013. 

C’est aussi le cas de la bauge, un des plus anciens matériaux de construction, puisqu’il remonterait à la période néolithique, qui consiste à empiler de la terre malléable mêlée de paille. De la bauge a ainsi été utilisée dans les murs du centre pour personnes handicapées Anandaloy au Bangladesh ou dans ceux d’un centre pour enfants à Sowé, au Bénin. 

Des matériaux isolants autour de nous

L’exposition présente d’autres isolants moins connus comme le chanvre. Il est par exemple entré dans la composition d’un enduit de chaux pour des rénovations récentes à Paris dans un immeuble patrimonial et pour remplir des murs dans un immeuble d’Île-de-France. 

«On peut faire du béton de chanvre avec des propriétés isolantes. On le souffle et il permet d’isoler des bâtiments», explique Georges Adamczyk. Les visiteurs peuvent d’ailleurs toucher à ce matériau sur une table qui en montre d’autres.  

La dimension communautaire de la construction

Sur de nombreuses photos de projets lauréats exposées, on aperçoit plusieurs femmes. «On retrouve ainsi l’idée du travail communautaire, alors que partout des femmes participent à l’acte de bâtir. À l’origine, dans la construction, il n’y avait pas de séparation entre le travail des hommes et celui des femmes: chacun contribuait. Aujourd’hui la tendance se renverse: il y a de plus en plus de femmes architectes et de plus en plus de femmes dans les écoles d’architecture», affirme Georges Adamczyk. 

«Cette exposition permet aussi de s’interroger anthropologiquement sur l’acte de construire. Ce n’est pas juste un acte technique qui vient d’en haut. Au contraire, il vient de la terre», poursuit-il. 

Une exposition participative écologique

Des étudiantes de l’École d’architecture de l’Université de Montréal ont participé à la mise en place de cette exposition et ont travaillé à la scénographie et à la recherche d’échantillons. Elles ont cherché à utiliser au maximum des éléments recyclables pour la présentation de cette exposition, essentiellement du papier et du bois.  

«Maintenant, nous allons réfléchir au recyclage de cette exposition. Tout se recycle, même une exposition!» dit en riant Georges Adamczyk. 

Et pour prolonger la réflexion sur les perspectives de l’architecture durable, une journée d’étude organisée par l’École d’architecture de l’UdeM et le Laboratoire d’étude de l’architecture potentielle aura lieu en septembre prochain. 

  • Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal
  • Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal
  • Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal
  • Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Informations pratiques

L’exposition TerraFibra architectures est présentée à la Galerie de l’Université de Montréal, 2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, salle 0056.

Horaire  

Du mardi au samedi, de 10 h à 17 h
Le jeudi, de 10 h à 19 h
Jusqu’au 15 juin  

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