L’UdeM présente au salon interuniversitaire à Uashat mak Mani-utenam

Héléna Laporte (étudiante autochtone en criminologie), Donald Tolley (étudiant autochtone en santé et sécurité au travail et représentant du Centre étudiant des Premiers Peuples) et Louis-Philippe Gauthier, coordonnateur aux relations avec les Premiers Peuples de la Faculté de médecine

Héléna Laporte (étudiante autochtone en criminologie), Donald Tolley (étudiant autochtone en santé et sécurité au travail et représentant du Centre étudiant des Premiers Peuples) et Louis-Philippe Gauthier, coordonnateur aux relations avec les Premiers Peuples de la Faculté de médecine

Crédit : Eliane Santschi

En 5 secondes

Des étudiantes et des étudiants de l’UdeM se sont rendus à Uashat mak Mani-utenam pour présenter leurs programmes d’études aux élèves de la communauté à l’occasion d’un salon interuniversitaire.

Une délégation de 17 étudiantes et étudiants de l’Université de Montréal ont participé, le 12 mars, à un salon interuniversitaire organisé par le secteur Éducation de la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam (ITUM), près de Sept-Îles, où ils ont présenté leurs domaines d’études à quelque 200 jeunes de 3e, 4e et 5e secondaire dans une perspective de découverte et de persévérance scolaire. 

Ce premier salon interuniversitaire dans une communauté autochtone, qui a eu lieu à l’école Manikanetish, visait à surmonter l’obstacle de l’éloignement géographique qui empêche les jeunes de la communauté de prendre part aux journées portes ouvertes des établissements d’enseignement postsecondaire.

Une initiative pour contribuer à l’inclusion des jeunes

Le kiosque des étudiants en études cinématographiques.

Le kiosque des étudiants en études cinématographiques

Crédit : Eliane Santschi

Pour ce faire, les responsables du secteur Éducation d’ITUM ont sollicité, il y a quelques mois, des représentants de quatre universités dans le but de créer une activité où seraient présentés différents programmes d’études aux jeunes de la communauté et de la région de Sept-Îles par l’entremise d’étudiantes et d’étudiants autochtones et allochtones de ces domaines. 

L’Université Laval, l’Université de Sherbrooke, l’Université du Québec à Chicoutimi et l’Université de Montréal ont répondu à l’appel – et Polytechnique Montréal s’est greffée au groupe par la suite. Toutes ont convenu de l’importance de mettre sur pied un tel salon en se rendant à Uashat mak Mani-utenam pour favoriser le vivre-ensemble. 

«Le salon n’est pas organisé sous l’angle du recrutement. Il vise à contribuer à l’inclusion et à l’engagement des jeunes Autochtones en leur offrant la possibilité d’être actifs dans leur milieu et de prendre en charge l’élaboration et la mise en œuvre de solutions adaptées à leurs besoins. L’évènement vise aussi à sensibiliser le milieu universitaire aux réalités autochtones», précisent les représentants du secteur Éducation d’ITUM.

Un partage d'expériences

Sous la responsabilité bienveillante d’Eliane Santschi, de Cap campus de l’Université de Montréal, la délégation de l’UdeM était composée de Héléna Laporte et Marc-Antoine Carle (criminologie), Simon Chioini et Paola Deteix (musique), Hubert Pichette et Emmanuel Sylvestre (cinéma), Rosemarie Laporte et Amélie-Christina Dumont-Hétu (médecine vétérinaire) et Marc-Antoine Bouchard Racine (histoire)*. 

Pour Rosemarie Laporte, c’est l’idée de «faire une petite brèche dans le manque criant de personnes issues des communautés autochtones en médecine vétérinaire» qui l’a incitée à vivre cette expérience «unique et positive». 

«Étant moi-même autochtone, je souhaitais partager mon expérience avec ces jeunes du secondaire, leur montrer que quelqu'un qui leur ressemble peut s’épanouir dans une discipline qui peut être difficile d’accès», ajoute l’étudiante de la Faculté de médecine vétérinaire. 

Selon elle, le fait que des représentants des universités se déplacent dans la communauté constitue, pour les élèves d’Uashat mak Mani-utenam, une «occasion incroyable» et elle espère «avoir transmis l’idée que le domaine de la santé animale est ouvert à tous ceux et celles qui s'y intéressent et avoir un tant soit peu contribué à élargir les horizons des jeunes de cette belle communauté». 

C’est aussi le souhait que nourrit sa sœur, Héléna Laporte, étudiante de première année à l’École de criminologie de l’UdeM. 

«Je n’aurais pas manqué cette occasion de parler de mon programme d’études et j’ai été heureuse d’accueillir les jeunes, qui ont partagé avec nous leurs champs d’intérêt, relate-t-elle. Ils se sont montrés curieux et certains étaient très déterminés et avaient une idée précise des études qu’ils entendaient poursuivre tant au baccalauréat qu’au certificat.» 

«D’autres ne savaient pas encore vers quoi se diriger, et c’est tout à fait normal: l’important est qu’ils trouvent le programme qui les incitera à continuer leurs études en découvrant un domaine qui les passionne et en se laissant la possibilité d'explorer», insiste celle qui a étudié deux ans en droit à l’UdeM avant de bifurquer vers la criminologie.

Une histoire à mettre en valeur

Amélie-Christina Dumont-Hétu et Rosemarie Laporte, toutes deux étudiantes autochtones à la Faculté de médecine vétérinaire, animaient leur kiosque.

Amélie-Christina Dumont-Hétu et Rosemarie Laporte, toutes deux étudiantes autochtones à la Faculté de médecine vétérinaire, animaient leur kiosque.

Crédit : Eliane Santschi

«Les Premiers Peuples font partie de notre histoire et c’est important d’aller à leur rencontre pour échanger», explique Hubert Pichette, étudiant en cinéma à l’UdeM, qui a grandi à Québec près de la communauté huronne de Wendake. 

«Uashat mak Mani-utenam est un endroit d’où émane une grande force créatrice qui va au-delà des frontières de Sept-Îles, ajoute-t-il. C’est là que Naomi Fontaine a notamment écrit Manikanetish, où elle met en lumière la persévérance et le courage des élèves auxquels elle enseigne.» 

S’il considère qu’une seule journée était bien peu pour présenter l’ensemble des programmes aux jeunes de la communauté, Hubert Pichette a pu leur montrer comment jouer avec la lumière pour modifier l’ambiance. «J’ai beaucoup aimé l’authenticité des jeunes et leur façon innée de communiquer qui passe souvent par l’action. Et j’ai été aussi enchanté de rencontrer des gens qui ont travaillé avec le Wapikoni Mobile ou qui y ont joué dans des pièces de théâtre», souligne-t-il. 

Pour Marc-Antoine Bouchard Racine, c’est le désir de partager avec les jeunes et les moins jeunes de la communauté qui l’a incité à être du voyage. 

Étudiant de maîtrise en histoire à l’UdeM, il a déjà visité différentes communautés innues de la Côte-Nord afin d’alimenter son intérêt pour l’histoire des relations entre Innus et allochtones. Il a d’ailleurs suivi les quatre cours de langue innue offerts au Centre de langues de l'Université de Montréal. 

«Mon souhait était d’inspirer les jeunes, de les encourager à poursuivre leurs études et de leur exposer les différentes possibilités offertes par la discipline, indique l’étudiant. Je leur ai montré qu’il est possible, et même souhaitable, de faire de l’histoire en incluant des perspectives notamment culturelles afin d’enrichir notre compréhension du passé et de nos récits communs.» 

C’est entre autres après avoir constaté que des injustices ont été commises à l’endroit des Autochtones que Marc-Antoine Bouchard Racine a voulu réfléchir à ce passé commun et qu’il a choisi d’étudier l’histoire à l’université. 

«C’est en confrontant les récits historiques que l’on comprend mieux les enjeux actuels et c’est ce que j’ai partagé avec les jeunes qui sont venus à mon kiosque: c’est en réfléchissant au passé que l’on comprend le présent», conclut-il. 


* Les autres représentants de l’UdeM étaient Théo Burelle et Aida Zougari (architecture), Ève-Marie Castilloux et Julie Coulombe (urbanisme et architecture de paysage), Roberto Natale et Mariah Dessureault (sécurité et études policières), Alexis Marion (médecine) et Donald Tolley (Centre étudiant des Premiers Peuples de l’UdeM). Louis-Philippe Gauthier, coordonnateur aux relations avec les Premiers Peuples de la Faculté de médecine, faisait aussi partie de la délégation.