Des étudiants de l'UdeM composent une pièce pour accompagner l'éclipse

Dominic Thibault, Thomas Augustin et Vivian Li

Dominic Thibault, Thomas Augustin et Vivian Li

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Pour son évènement entourant l’éclipse totale du 8 avril, l’UdeM a demandé à deux étudiants de la Faculté de musique de composer une œuvre originale qui accompagnera le spectacle céleste.

Le 8 avril, Vivian Li et Thomas Augustin seront parmi les quelque 3000 personnes réunies au stade extérieur du CEPSUM pour assister au phénomène astronomique du siècle. Le moment sera doublement significatif pour les deux étudiants de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, puisqu’ils observeront l’éclipse au son de leur propre musique, composée spécialement pour la circonstance. 

Le professeur de composition Dominic Thibault, qui supervise leurs travaux, l’avoue de but en blanc: «J’aurais aimé la composer moi-même, la musique pour l’éclipse! Mais justement, l’un des aspects de mon travail consiste à fournir des occasions de composition à mes étudiants et étudiantes.»  

Cette occasion est arrivée par le biais du comité organisateur de l’évènement du 8 avril à l’UdeM. Dès 2023, le comité a sollicité la Faculté de musique en vue d’une participation étudiante. «Nous aimions l’idée de mettre en valeur le travail des classes de notre faculté, surtout dans des domaines musicaux méconnus, explique Benjamin Augereau, directeur du protocole au Bureau des communications et des relations publiques de l’Université. Le comité souhaitait également donner une grande liberté à ces aspirants compositeurs; nous nous sommes limités à demander une musique d’accompagnement qui favorise l’émotion et qui tient compte du caractère exceptionnel et un peu mystique de l’éclipse.» 

Faire travailler ensemble deux personnalités musicales distinctes

Désigné par la Faculté de musique pour sélectionner les compositeurs, Dominic Thibault y est allé d’un choix osé, mais raisonné. «Vivian et Thomas n’avaient jamais travaillé ensemble, mais je remarquais chez eux certaines affinités. Tous les deux ont une personnalité musicale très forte et ils se démarquent par leur grande sensibilité», dit le professeur. 

Lorsqu’on lui demande de définir son style musical, Vivian Li, étudiante au baccalauréat en musiques numériques, répond: «Ma musique est lo-fi, c’est-à-dire dans un style qui cherche à conserver le son naturel, avec toutes ses aspérités. Je dirais aussi qu’elle est de nature minimaliste… et bonbon!» Thomas Augustin, étudiant de maîtrise en composition et création sonore, qualifie pour sa part sa musique d’«instrumentale, influencée par les bands et souvent imprégnée de mélancolie et de nostalgie». 

Comment faire, donc, pour accorder ces deux profils dans le cadre d’un travail commun? Dominic Thibault leur a suggéré de commencer par des séances d’improvisation, ce qui fut fait. «Nous avons également créé, chacun de notre côté, une liste de musiques qui pourraient nous servir d’inspiration. Nous nous les sommes partagées et, heureusement, nous avions des œuvres en commun!» raconte l’étudiant. 

Malgré le défi de taille de créer une œuvre à deux, Vivian Li et Thomas Augustin ont toutefois rapidement été en mesure de constater l’intérêt de composer une pièce en équipe. «Ça va plus vite! indique Vivian Li. Lorsqu’on est seul dans sa tête avec ses idées, on se pose des questions, sans forcément trouver de réponses! Lorsqu’on est deux, c’est à l’autre qu’on pose ses questions et l’on obtient une réponse! On peut donc passer plus rapidement à autre chose.» 

Une musique englobante pour un évènement rassembleur

Comment sonne-t-elle, cette musique d’éclipse? «Il y a un peu de tout: des synthétiseurs, mais aussi des instruments acoustiques comme la guitare et le vibraphone. La musique a un aspect nouvel âge, mais dans le bon sens du terme! mentionne Thomas Augustin en riant, cherchant à nous rassurer. «Comme dans plusieurs musiques de ce style, nous avons exploité la composition par couches: des strates musicales s’ajoutent au fur et à mesure que la pièce progresse.» D’une durée d’environ cinq minutes, la pièce est conçue en trois sections. «C’est une musique foisonnante, avec une accumulation de détails, qui ne cesse d’évoluer en intensité», observe Vivian Li.

Puisqu’il s’agit ici de création et non de science exacte, on peut se demander quel est le rôle du professeur dans ce processus. «Je m’assure qu’ils développent d’avance une vision du son qu’ils souhaitent créer, aussi étrange que cela puisse paraître! répond Dominic Thibault. Un autre aspect très important, c’est que l’auditoire puisse en tout temps s’accrocher à un élément, que ce soit une mélodie, un rythme ou un timbre. Je suis donc pour eux une oreille externe et je les aide à trouver des pistes de solution pour qu’ils soient certains de maintenir chez le public une écoute attentive.» 

Si cette commande correspond bien à ce que leur réserve la vie professionnelle de compositeur, il s’agit néanmoins d’une demande quelque peu inusitée pour des étudiants et étudiantes en création musicale. «Leur travail principal consiste à faire des expériences dans le domaine du son», dit Dominic Thibault. Celui qui est également responsable de la majeure et de la mineure en musiques numériques souligne toutefois le rôle de premier plan que joue la formation dans le devenir du compositeur. «Ces années universitaires sont extrêmement formatrices, car nos étudiantes et étudiants développent leur personnalité, leur style compositionnel. Lorsque je reçois, dans la vie professionnelle, une commande de musique fonctionnelle comme c’est le cas pour l’éclipse, je réponds certes à une demande de l’extérieur, mais je réponds avec une confiance dans ma propre esthétique intérieure, celle que je me suis forgée pendant mes années d’études», fait remarquer le professeur. 

Est-ce que les deux compositeurs sont fébriles à l’approche du 8 avril? «Oui, un peu… quand même!» avoue Thomas Augustin, tandis que Vivian Li rappelle qu’il n’y aura pas le stress associé à la performance, puisque la musique sera préenregistrée sur support fixe. «Je suis davantage excitée que stressée, précise-t-elle. C’est un évènement rassembleur et nous souhaitons que notre musique aide à créer un sentiment d’immersion.» Thomas Augustin renchérit: «Ce que nous espérons, c’est que la musique enserre tous ceux et celles qui seront présents.» 

La composition et la création sonore à la Faculté de musique

Des musiques numériques à la composition instrumentale ou mixte, près de 250 étudiantes et étudiants sont inscrits dans les différents programmes qui comportent un volet compositionnel ou de création sonore, que ce soit pour l’image (cinéma, télévision, jeu vidéo), le concert, la scène (théâtre, danse) ou pour des installations immersives. 

Dans la meme serie

Éclipse solaire