L’Université de Montréal se distingue aux Prix du Québec

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Marie-Thérèse Chicha, Michel Gauthier, Bertrand Routy, Michel Chrétien, Charles Richard-Hamelin et Alain Saulnier reçoivent un prix. Julie Hlavacek-Larrondo est finaliste du prix Relève scientifique.

La liste des lauréats et lauréates des Prix du Québec 2022 a été dévoilée. Cinq professeurs et un chercheur de l’Université de Montréal y figurent. Marie-Thérèse Chicha, Michel Gauthier, Bertrand Routy et Michel Chrétien obtiennent un prix scientifique, alors qu’Alain Saulnier et Charles Richard-Hamelin reçoivent un prix culturel. La professeure Julie Hlavacek-Larrondo est quant à elle parmi les finalistes du prix Relève scientifique.

Depuis 1977, les Prix du Québec sont attribués aux personnes dont la carrière a marqué significativement les domaines scientifique et culturel. Cette distinction, la plus haute décernée par le gouvernement provincial, s’accompagne d’une bourse allant de 3000 à 30 000 $, en plus d’une médaille en argent et d’un parchemin calligraphié.

Marie-Thérèse Chicha est lauréate du prix Marie-Andrée-Bertrand

Marie-Thérèse Chicha

Marie-Thérèse Chicha

Crédit : Les prix du Québec | Éric Labonté

Le prix Marie-Andrée-Bertrand a été remis à Marie-Thérèse Chicha, professeure titulaire à l’École de relations industrielles. Économiste de formation, elle a joué un rôle déterminant dans la transformation des conditions de vie des femmes du Québec et d’ailleurs. Originaire d’Égypte, elle a grandi en étant bien au fait des iniquités socioéconomiques vécues par les femmes de son pays. Conséquemment, elle consacrera sa carrière à l’enraiement des inégalités que vivent les membres de groupes historiquement désavantagés sur le marché du travail. Elle publiera, en 1989, le livre Discrimination systémique: fondements et méthodologie des programmes d’accès à l’égalité en emploi durant son mandat à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec. L’approche interdisciplinaire de la chercheuse, qui adopte des perspectives issues de l’économie politique, du droit, de la sociologie et de la gestion des ressources humaines, a fait de l’ouvrage une référence dans le domaine.  

Reconnue internationalement, elle a été invitée à participer à plusieurs comités et groupes de recherche ayant eu une influence majeure sur le marché du travail. Elle a présidé, en 1995, le Comité de consultation au regard de la loi proactive sur l’équité salariale du gouvernement du Québec. Elle a également participé, en 2001, au groupe de travail chargé d’élaborer une nouvelle approche législative de l’équité salariale au Canada. Elle a aussi été appelée à agir à titre d’experte pour le Bureau international du travail, une agence spécialisée de l’ONU. Elle a travaillé à l’application de la Convention concernant l'égalité de rémunération entre la main-d'œuvre masculine et la main-d'œuvre féminine pour un travail de valeur égale, puis a rédigé le guide Promouvoir l’équité salariale au moyen de l’évaluation non sexiste des emplois, publié en 2009. Ses travaux l’amènent aujourd’hui à se pencher sur la dimension régionale de l’immigration dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de déclin démographique de certaines régions, et à s’intéresser à la déqualification des immigrantes et à ses conséquences.

Michel Chrétien reçoit le prix Armand-Frappier

Michel Chrétien

Michel Chrétien

Crédit : Les prix du Québec | Éric Labonté

Michel Chrétien, professeur émérite du Département de médecine, a obtenu le prix Armand-Frappier. Le travail de ce neuroendocrinologue de renommée mondiale révolutionnera l’étude de plusieurs maladies. Dès 1967, il formule la théorie des prohormones, voulant que le corps fabrique des substances à partir de précurseurs. C’est ainsi qu’il fera la découverte de l’endorphine en 1976. Le procédé de l’endoprotéolyse qui en découlera aura des retombées majeures sur les recherches en lien avec diverses maladies, dont le diabète, le cancer et l’alzheimer.

Précurseur dans son domaine, il s'est fait un devoir de promouvoir la recherche scientifique. À l’Institut de recherches cliniques de Montréal, il a créé le premier laboratoire de chimie des protéines au Québec et fondé l’Unité de neuroendocrinologie moléculaire. L’établissement connaîtra une croissance notable en matière de productivité scientifique au cours de son passage à titre de directeur, de 1984 à 1994, et gagnera en notoriété tant sur le plan national qu’à l’échelle internationale. Il s’est également assuré, tout au long de sa carrière, de défendre le financement public de la recherche ainsi que la liberté d’enseignement.  

Auteur prolifique, il s’intéresse encore aujourd’hui à de nombreux sujets. Ses travaux des dernières années ont notamment porté sur la COVID-19, l’athérosclérose et le cholestérol. Il a récemment fait la découverte d’une mutation génétique présente chez quatre familles du Québec qui protégerait des maladies cardiovasculaires et du foie.

Michel Gauthier obtient le prix Lionel-Boulet

Michel Gauthier

Michel Gauthier

Crédit : Les prix du Québec | Éric Labonté

Le prix Lionel-Boulet a été attribué au chercheur invité du Département de chimie Michel Gauthier. Acteur incontournable de la recherche sur les batteries au lithium, il a joué un grand rôle dans l’acquisition d’une expertise québécoise sur les accumulateurs au lithium. Durant son passage à l’Institut de recherche d'Hydro-Québec, il a conçu diverses stratégies afin de répondre aux besoins en matière de stockage chimique de l’énergie électrique. Il a notamment participé au projet de l'accumulateur à électrolyte polymère et est à l’origine de 36 des 108 familles de brevets détenus par l’entreprise pour cette technologie.

Innovateur, il a mis sur pied, en 2001, la compagnie Phostech Lithium, avec laquelle il souhaite implanter la première usine de production de phosphate de fer au monde. Agissant depuis son départ d’Hydro-Québec à titre de conseiller scientifique, il croit fermement à l’idée d’utiliser la propriété intellectuelle pour stimuler le développement économique. Il travaille aujourd’hui avec son fils au démarrage d’une entreprise qui misera sur un nouveau procédé de fabrication du phosphate de fer comme matériau de batteries.

Julie Hlavacek-Larrondo est finaliste du prix Relève scientifique

Julie Hlavacek-Larrondo

Julie Hlavacek-Larrondo

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

La professeure agrégée du Département de physique Julie Hlavacek-Larrondo est l’une des deux finalistes du prix Relève scientifique. Il s’agit d’une seconde nomination pour la chercheuse, après celle de 2019.

Julie Hlavacek-Larrondo se spécialise dans l’étude des trous noirs supermassifs et de leur rôle dans la formation et l’évolution des galaxies. Au cours de sa carrière, entamée à l’UdeM en 2013, elle a pu utiliser quelques-uns des plus grands télescopes au monde, dont le Very Large Array, le Chandra X-ray Observatory, Hubble ainsi que ceux de l’observatoire Gemini. Les données qu’elle a obtenues lui ont permis de publier plusieurs articles ayant eu des retombées notables sur sa discipline, dont celles sur le trou noir supermassif M87. La chercheuse est d’ailleurs à l’origine de la première image recueillie d’un trou noir.

Directrice de la Société canadienne d’astronomie, elle est à la tête de la Chaire de recherche du Canada en astrophysique observationnelle des trous noirs depuis 2014. Son travail a été reconnu à plusieurs reprises. Elle a notamment été boursière postdoctorale Einstein durant ses études à l’Université Stanford, aux États-Unis. Elle a fait son entrée à la Société royale du Canada en 2018, devenant membre du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en art et en science.

Croyant fermement à la place des femmes dans des domaines traditionnellement masculins, elle a cofondé Parité sciences, qui vise à accroître le taux des inscriptions féminines dans les programmes universitaires d’informatique, de mathématiques et de physique.

Bertrand Routy est lauréat du prix Relève scientifique

Bertrand Routy

Bertrand Routy

Crédit : Les prix du Québec | Éric Labonté

Le prix Relève scientifique a été accordé à Bertrand Routy, professeur agrégé de clinique au Département de médecine. Spécialiste en hémato-oncologie, il s’intéresse au microbiome et à son influence sur l’efficacité de l’immunothérapie dans les traitements anticancéreux. Les articles scientifiques qu’il a publiés jusqu’à ce jour lui ont valu plus de 12 000 citations, faisant de lui une étoile montante dans sa discipline.

Directeur du laboratoire d’immunothérapie et d’oncomicrobiome du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, il travaille à mettre au jour diverses bactéries du tube digestif, dont la moitié sont toujours inconnues. Son équipe et lui ont récemment isolé quatre de ces bactéries intestinales, dont une qu’il a découverte et nommée Alistipes montrealensis, en hommage à la métropole où il mène ses travaux.

Le chercheur se penche également sur la possibilité de modifier le microbiome des patients afin de les aider à combattre le cancer. Les cures envisagées vont de la greffe fécale aux pilules qui se dissoudraient dans le petit intestin, ainsi qu’aux probiotiques et prébiotiques.

Charles Richard-Hamelin reçoit le prix Denise-Pelletier

Charles Richard-Hamelin

Charles Richard-Hamelin

Crédit : Les prix du Québec | Éric Labonté

Le professeur invité de la Faculté de musique Charles Richard-Hamelin a obtenu le prix Denise-Pelletier. Malgré son jeune âge, ce pianiste de réputation mondiale a une feuille de route bien garnie. Il a, depuis 2014, donné plus de 400 concerts. Il a participé à plusieurs grands festivals, tels que le Festival du Printemps de Prague et le festival George Enescu à Bucarest, en plus de ses tournées à l’étranger, dont cinq au Japon.

Son travail l’a amené à collaborer avec plusieurs chefs d’orchestre de renom. Il s’est joint, en tant que soliste, à une cinquantaine d’ensembles musicaux et s’est produit en concert avec de nombreux orchestres symphoniques du Canada et d’autres pays. Spécialiste de Frédéric Chopin, il a consacré la majorité des 10 albums qu’il a fait paraître au compositeur polonais.

Il a reçu plusieurs distinctions au cours de sa carrière. Il a remporté, en 2015, la médaille d’argent au Concours international de piano Frédéric-Chopin ainsi que le prix Krystian Zimerman pour la meilleure interprétation d’une sonate. Une année plus tôt, il recevait le deuxième prix au Concours musical international de Montréal et le troisième prix au Seoul International Music Competition. En 2017, il a été nommé compagnon de l'Ordre des arts et des lettres du Québec.

Alain Saulnier obtient le prix Guy-Mauffette

Alain Saulnier

Alain Saulnier

Crédit : Les prix du Québec | Éric Labonté

Alain Saulnier, professeur invité au Département de communication, est lauréat du prix Guy-Mauffette. Figure de proue du journalisme au Québec, il possède plus de 40 années de pratique médiatique. Il a été journaliste, réalisateur et gestionnaire du service d’information de Radio-Canada, où il a contribué à établir la notoriété de la société d’État dans les domaines du journalisme d’enquête et du journalisme international.

Dirigeant reconnu, il a présidé la Fédération professionnelle des journalistes du Québec de 1992 à 1997. Il a également été à la tête de la commission Information des radios francophones publiques de 2003 à 2006, puis il a dirigé la commission Information de la Communauté des télévisions francophones. Membre du conseil d’administration de Culture Montréal, il a été appelé à coprésider la commission Montréal numérique, qui visait à faire de la métropole l’un des leaders mondiaux de l’art et de la créativité numériques.

Il est intervenu à plusieurs reprises durant sa carrière afin de défendre le métier de journaliste, le droit du public à l’information et la liberté de presse. Engagé dans la formation de la relève journalistique, il a notamment participé à l’élaboration du diplôme d’études supérieures spécialisées en journalisme de l’UdeM, puis a été producteur délégué de l’émission Planète Terre, aujourd’hui connue sous le nom Arrêt sur le monde, produite par le Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal.